PROGRAMME DE SECONDE
"De
la vie en société à la citoyenneté"
I
- Objectif général de la classe de seconde
Étudier
dans toutes ses dimensions la citoyenneté et son exercice dans la société
constitue l'axe de l'éducation civique, juridique et sociale (ECJS) dans les
trois niveaux du lycée. L'objectif de cet enseignement en classe de seconde
consiste à redécouvrir cette notion de citoyenneté, déjà définie au collège, en
partant de la vie en société.
Cette
confrontation au réel est une mise à l'épreuve. Elle permet l'appropriation
active de cette notion. On partira donc de la vie sociale, saisissable par
l'élève, pour remonter à sa source politique. Quel que soit le domaine de la
vie sociale considéré, les individus rencontrent les règles collectives qui
organisent leur vie en société et définissent les droits et les devoirs de
chacun, les institutions chargées de les mettre en œuvre et de les faire
respecter, les sanctions contre ceux qui enfreignent ces règles.
L'apprentissage
de la citoyenneté implique que le citoyen connaisse ces règles, sache d'où
elles viennent et les valeurs qui les fondent. Cet apprentissage suppose d'en
appréhender la diversité des pratiques dans le temps comme dans l'espace, et
d'être éventuellement capable de les critiquer.
La
démarche privilégiée consiste donc à choisir des objets d'étude dans la vie
sociale pour faire découvrir par les élèves une ou plusieurs dimensions de la
citoyenneté, à travers, notamment, la préparation et la tenue d'un débat
argumenté.
Au terme
de ce travail, on vérifie si les élèves ont acquis les notions qui fondent la
citoyenneté.
II -
Thèmes et notions
Afin de
limiter les risques d'une trop grande dispersion, quatre thèmes sont proposés pour
servir d'entrée dans le programme de la classe de seconde. Ils permettent
d'appliquer la démarche retenue : partir de la vie en société pour illustrer
une dimension de la citoyenneté. Ce sont :
Citoyenneté
et civilité
Citoyenneté
et intégration
Citoyenneté
et travail
Citoyenneté
et transformation des liens familiaux
On
utilisera, au choix, un ou plusieurs de ces quatre thèmes qui ne sont pas
énoncés dans un ordre contraignant. Un document d'accompagnement présente des
illustrations possibles de la méthode préconisée. Il montre que le même thème
peut être utilisé de plusieurs manières, suggérant qu'au fil du temps, ces
illustrations pourront se périmer ou s'enrichir de matériaux fournis par
l'actualité ainsi que des pratiques et innovations des professeurs.
À partir
du travail sur l'un ou plusieurs de ces thèmes, les sept notions suivantes doivent
être abordées et avoir reçu une première définition :
Civilité
Intégration
Nationalité
Droit
Droits de
l'homme et du citoyen
Droits
civils et politiques
Droits
sociaux et économiques
Ces notions,
présentes dans les programmes du collège et des autres disciplines de la classe
de seconde, permettent de comprendre le sens de la citoyenneté en partant des
expériences des élèves et de leurs représentations.
Au terme
de la classe de seconde, une synthèse des différents acquis se réalisera autour
de la définition de la citoyenneté.
III -
Démarche
Parmi les
méthodes pédagogiques mobilisables pour cet enseignement, il y a lieu de
privilégier l'organisation de débats argumentés : ils placent l'élève en
situation de responsabilité. Choisir de les conduire à partir de matériaux
fournis par l'actualité renforce la dimension pratique et l'intérêt concret de
l'enseignement de l'ECJS.
1 - Le
débat argumenté
Méthode
pédagogique privilégiée mais non exclusive, elle peut s'ordonner selon les
étapes suivantes :
- Choix
d'un thème avec les élèves, ce qui nécessite de le justifier par rapport à
l'étude de la citoyenneté.
-
Organisation du travail préparatoire au débat avec division du travail, travail
de groupes et coordination. On peut mobiliser des techniques variées selon le
sujet abordé : dossier de presse, recherche de documents historiques ou
juridiques, recherche sur cédérom ou sur l'Internet, enquête avec visites ou
entretiens, contact avec des personnes qualifiées, rédaction d'argumentaires,
etc.
- Tenue
du débat de façon concertée entre élèves et professeurs (choix d'un président
de séance, de rapporteurs, présentation des argumentaires fondés sur des
dossiers construits, prises de parole contradictoires, prise de notes, etc.).
Les professeurs veillent au respect des règles du débat. Par leurs
interventions et la reprise finale, ils clarifient les positions en présence et
leurs enjeux. Ils les relient aux notions du programme et les mettent en
perspective.
-
Synthèse orale et écrite et éventuelle diffusion des travaux de la classe
(cahiers, exposition, débat dans le lycée, etc.).
Le
respect des conditions et des règles du débat, en particulier la recherche
qu'il suppose d'un accord fondé en raison, constitue déjà en lui-même un
apprentissage pratique de ce qui fonde la citoyenneté.
2 -
Utiliser et traiter l'actualité en classe
L'actualité
locale, nationale et internationale fournit de nombreux matériaux qui permettent
aux enseignants de construire un débat sérieux sur un sujet civique, politique,
juridique ou social mettant en évidence une dimension de la citoyenneté.
Le choix
d'un événement ou d'une combinaison d'événements dans l'actualité doit répondre
à deux soucis : d'une part être susceptible d'intéresser les élèves, d'autre
part permettre d'éclairer une des dimensions de la citoyenneté. Dans le choix
des priorités, il ne faut donc pas nécessairement obéir à l'agenda des médias
mais saisir dans les événements ceux qui peuvent correspondre à ces objectifs.
-
Diversifier les sources pour attester de la réalité des faits.
La
première tâche face à un événement consiste à confronter les sources
d'information pour, en les croisant, attester de la réalité de ce qui va être
étudié. L'événement brut n'existe pas en lui-même, il n'existe qu'à travers le
médium qui le fait connaître et il est différemment reçu selon les
représentations dominantes du moment. Prendre de la distance par rapport aux
faits communiqués est donc essentiel à l'éducation du citoyen. La constitution
d'un dossier de presse, en évitant une accumulation inutile, doit permettre ce
croisement des sources, dont on connaît l'importance dans l'investigation
historique.
-
Replacer l'événement dans une chaîne historique.
La
deuxième tâche consiste à insérer l'événement étudié dans son contexte
spatio-temporel. Cela suppose des recherches indispensables à la compréhension
des faits, en mobilisant les méthodes comparatives des sciences humaines et
sociales. On peut ainsi contribuer à relativiser la portée affective ou
passionnelle des événements au profit d'une analyse plus rationnelle. Un des
obstacles à l'étude sérieuse de l'actualité tient à la tyrannie du présent qui
chasse de la mémoire immédiate les événements précédents ; le travail de
recherche permet ainsi de limiter cet effet en replaçant les faits dans une
chaîne historique.
- Repérer
et analyser les interprétations divergentes et contradictoires.
La
troisième tâche consiste à identifier les différentes interprétations produites
sur le même événement. Les faits précis mis en lumière ou occultés, les
arguments choisis ou réfutés ou ignorés, le choix des mots, la hiérarchie des
termes, sont autant d'éléments d'analyse des discours tenus, qui seront ici
très utiles.
- Partir
de l'événement pour aboutir à des notions de programme.
Ainsi
éclairée par une étude sérieuse, l'actualité doit permettre de donner toute son
importance à une des dimensions de la citoyenneté qui sera ainsi découverte par
les élèves de manière beaucoup plus incarnée.
Les
thèmes d'entrée dans le programme peuvent être utilement saisis par un
événement tiré de l'actualité récente.
IV -
Évaluation
Au terme
de la classe de seconde, l'élève doit donc s'être approprié la notion de citoyenneté,
à partir d'exemples pris dans la vie en société, et avoir compris que la
citoyenneté est une construction historique et démocratique. L'évaluation en
découle.
La
pédagogie mise en œuvre fait appel à la mobilisation de l'élève dans des
activités aussi diverses que la constitution d'un dossier de presse, la
recherche de textes historiques ou de textes de loi, la consultation de
résultats d'enquêtes, la mise en cohérence d'un dossier documentaire, la
réalisation d'enquêtes personnelles, voire d'entretiens, la préparation d'un
argumentaire, la prise de parole ordonnée, la présentation de petits mémoires,
la présidence ou la synthèse d'un débat, la prise de parole contradictoire dans
le respect de l'autre, etc. Quelques-unes seulement de ces compétences pourront
être mises en œuvre dans le temps imparti à cet enseignement par tel ou tel
élève, mais toutes ces activités peuvent être valorisées. Les productions
écrites ou orales des élèves servent de support à l'évaluation.
En fin
d'année, les acquis des élèves sur les notions constitutives du programme de
cette classe pourront être mesurés.
V -
Orientation principale des thèmes
1.
Citoyenneté et civilité
La vie
quotidienne dans la cité fournit des occasions de réflexion sur la nécessaire
civilité des rapports humains en tant que première condition de l'exercice de
la citoyenneté. On peut le montrer à partir de l'étude de manifestations
d'incivilité ; on peut aussi utiliser différents faits de la vie sociale.
La
citoyenneté ne se réduit pas à la simple civilité. Elle implique la
participation à une communauté politique.
2.
Citoyenneté et intégration
L'exercice
de la citoyenneté suppose que les individus concernés participent à la vie
sociale. En analysant l'intégration et ses défauts, on contribue à définir et à
distinguer les notions d'intégration et de citoyenneté. Par intégration, on
désigne toutes les formes de participation à la vie collective par l'activité,
le respect de normes communes, les échanges avec les autres, les comportements
familiaux, culturels et religieux.
On montre
ainsi que la réflexion sur la citoyenneté doit prendre en compte l'enracinement
social des individus.
3.
Citoyenneté et travail
Dans les
sociétés modernes, le travail est un des vecteurs essentiels de l'intégration
sociale ; c'est pourquoi chômage et pauvreté peuvent porter atteinte à
l'exercice de la citoyenneté.
Par
ailleurs, la citoyenneté ne s'arrête pas aux portes de la vie au travail.
Quelles que soient les contraintes de l'organisation de la production, celui
qui travaille est un citoyen : à ce titre, il dispose d'une série de droits
civils, politiques, sociaux, etc. On peut donc analyser à travers ce thème la
portée de la citoyenneté dans le monde du travail.
4.
Citoyenneté et transformation des liens familiaux
Il s'agit
de comprendre les droits et obligations qui concernent le citoyen dans la vie
familiale.
Les
transformations de la vie familiale suscitent des interrogations sur
l'évolution des droits et obligations qui organisent les rapports entre
conjoints et entre parents et enfants.
N.B. Un
document à l'usage des professeurs accompagne la mise en œuvre de l'ensemble
des programmes.
B.O.hors-série n° 6 du 29 août 2002 |